- STAPHYLOCOQUES
- STAPHYLOCOQUESLes staphylocoques sont des germes ubiquistes qui peuvent faire partie de la flore cutanéo-muqueuse de l’homme et de l’animal ou être véhiculés par des porteurs sains. Ils sont secondairement disséminés dans l’environnement, vraisemblablement par les squames et les poils, et y persistent du fait de leur résistance à la dessiccation, aux variations de température et au choc osmotique. Lorsque la barrière cutanéo-muqueuse est lésée ou lorsque les défenses de l’hôte sont amoindries, ces germes provoquent des infections cutanées, osseuses, viscérales, voire des septicémies. Ces germes sont capables d’adhérer aux corps étrangers tels les cathéters, les prothèses ou les sondes. À défaut d’éradication par les antibiotiques, leur remplacement par du matériel stérile s’impose.Lorsque les mesures d’hygiène ne sont pas respectées et lorsque les patients ne sont pas isolés dans les hôpitaux, les staphylocoques provoquent de véritables infections épidémiques. Ces germes peuvent aussi persister d’une manière endémique, ce qui entraîne une prévalence élevée des infections en milieu hospitalier (infections dites nosocomiales). Leur gravité est liée à la sévérité des symptômes et aux difficultés thérapeutiques en raison de la multirésistance aux antibiotiques des germes responsables de ces infections.Pathologie staphylococciqueChez l’homme , les infections staphylococciques peuvent être localisées et de propagation directe, atteignant essentiellement le revêtement cutané, ou diffuser par voie sanguine.Les staphylococcies localisées au niveau de la peau et des muqueuses sont les plus fréquentes et peuvent représenter la porte d’entrée et la forme initiale d’infections systémiques plus sévères. Les infections cutanées peuvent rester superficielles et déterminer des staphylococcies bulleuses, se développer dans le follicule pilo-sébacé (folliculite, furoncle), atteindre les glandes sudoripares (hidrosadénite axillaire), réaliser des atteintes variées végétantes (botriomycome), gangréneuses ou se développer au niveau des ongles (panaris, onyxis, périonyxis). Les formes bulleuses et les éruptions scarlatiniformes sont liées à la production de toxines.La granulomatose chronique familiale, maladie héréditaire récessive, affecte surtout les garçons; elle est caractérisée par un pouvoir bactéricide des polynucléaires faible ou nul vis-à-vis des staphylocoques.Les staphylococcies septicémiques succèdent généralement à une lésion de la barrière cutanéo-muqueuse (infection, acte chirurgical, etc.). Elles peuvent s’accompagner de localisations viscérales diverses: cutanées, pleuro-pulmonaires, ostéoarticulaires, neurologiques, génito-urinaires, cardio-vasculaires (endocardites).Les intoxications alimentaires à staphylocoques sont dues à l’ingestion d’entérotoxines. Le syndrome du choc toxique est lié à la production d’une toxine spécifique.Chez l’animal , les staphylocoques sont responsables d’infections pyogènes telles les mammites, associées à une diminution de la production laitière, la maladie des abcès du mouton ou la dermite exsudative des porcins pouvant affecter l’ensemble d’un troupeauDe nombreux facteurs de pathogénicité ont été caractérisés (toxines, enzymes, protéine A, antigènes de surface, etc.). Les toxines épidermolytiques, les entérotoxines et la toxine du choc toxique ont un rôle pathogène bien défini et reproductible chez l’animal. La fréquence du portage sain implique l’existence d’une immunité naturelle efficace. L’apparition d’une maladie paraît résulter d’un déséquilibre entre l’hôte et le microbe au bénéfice de celui-ci; les facteurs favorisant ce déséquilibre sont variés, locaux ou généraux.De ce fait, la maladie peut être due à l’inoculation de germes à la suite d’une lésion cutanéo-muqueuse (blessures, actes chirurgicaux, infection, pose de sondes ou de cathéters); elle peut aussi être associée à l’implantation de prothèses, à des conditions locales empêchant l’arrivée de cellules phagocytaires (brûlures, escarres, sclérose) ou à un état de moindre résistance (facteurs nutritionnels, maladies et traitements immunodépresseurs). Toutefois, l’infection (furonculose) peut aussi se développer chez des sujets apparemment sains; dans ce cas, on met en cause l’existence d’un terrain favorable.Morphologie et caractères culturaux du germe: classificationLes staphylocoques sont des cocci de 0,1 à 1 猪m de diamètre. Ils se présentent isolés, en diplocoques, ou en amas réalisant l’aspect caractéristique d’une grappe de raisin. Ce sont des germes à Gram-positif. Sauf très rares exceptions, ils sont dépourvus de capsule; ils ne forment pas de spores. Ils se développent facilement, en aérobiose ou en anaérobiose, sur la plupart des milieux usuels. Des milieux sélectifs, hypersalés ou contenant du tellurite de potassium, facilitent leur isolement à partir des prélèvements plurimicrobiens.Les staphylocoques ont été répartis en trente-deux espèces et quatre sous-espèces qui ont été individualisées grâce à l’analyse du génome (hybridation ADN-ADN, analyse du profil de migration électrophorétique des fragments de restriction de l’ADN chromosomique portant les gènes qui codent pour l’ARN ribosomique), des constituants de la paroi (acide téïchoïque, peptidoglycan, protéine A), des caractères métaboliques (acidification des sucres, production d’enzymes et de protéines diverses) et de la résistance à certains antibiotiques (novobiocine).Certaines de ces espèces sont rencontrées chez l’homme et l’animal (S. aureus , S. haemolyticus , S. warneri , S. cohnii , S. saprophyticus , S. xylosus , S. simulans , S. schleiferi , S. pasteuri , S. saccharolyticus ); d’autres espèces sont rencontrées plus particulièrement chez l’homme (S. epidermidis , S. hominis , S. capitis , S. auricularis , S. lugdunensis ) ou chez l’animal (S. hyicus , S. sciuri , S. lentus , S. coprae , S. gallinarum , S. arlettae , S. chromogenes , S. delphini , S. equorum , S. felis , S. kloosii , S. muscae , S. piscifermentans , S. vitulus ). Les espèces incluant des souches productrices de coagulase libre, dont l’espèce S. aureus , sont plus pathogènes que celles qui n’en produisent pas. Les staphylocoques à coagulase-négative (SCN) sont des pathogènes opportunistes qui provoquent des infections sur corps étrangers. L’espèce S. epidermidis à coagulase-négative est fréquemment rencontrée au cours de ces infections. Les souches de l’espèce S. saprophyticus ne produisant pas la coagulase font exception puisqu’elles provoquent des infections urinaires chez les jeunes femmes, indépendamment de l’implantation de corps étrangers.Des techniques fondées sur la recherche de fragments d’ADN ou d’ARN spécifiques de l’espèce S. aureus ont été récemment développées en vue d’une détection rapide de cette espèce.Toxines staphylococciquesLes toxines élaborées par les staphylocoques peuvent être réparties en deux groupes.Le premier rassemble les toxines responsables d’une pathologie dont les symptômes sont définis et reproductibles après administration de la toxine:– Les entérotoxines émétisantes dont l’ingestion est responsable d’intoxications alimentaires (vomissements, diarrhée, douleurs intestinales, exceptionnellement suivis de collapsus) caractérisées par une incubation courte (de 1 à 6 heures après ingestion).– Les toxines épidermolytiques (ou exfoliatines A et B) responsables d’affections cutanées bulleuses électivement néonatales (syndrome épidermolytique de Ritter von Rittershain et pemphigus épidermique) ou survenant en dehors de la période néonatale (syndrome de Lyell de la peau ébouillantée du jeune enfant, impétigo bulleux).– La toxine responsable du syndrome du choc toxique. Ce syndrome est caractérisé par une hypotension artérielle (face=F0019 諒 90 mm Hg), un rash érythémateux diffus pouvant être tardivement associé à une desquamation des paumes et des plantes, une fièvre élevée (face=F0019 閭 39,8 0C) et par l’atteinte des muqueuses et de divers viscères. Il est associé à des infections staphylococciques pouvant être bénignes (lésions cutanées, infections postchirurgicales, infections vaginales, adénites, abcès profonds, bursite, ostéomyélite et rarement infections urinaires). Toutefois, ce syndrome est, a priori, caractérisé par l’absence de germes dans les hémocultures et le liquide céphalorachidien. Toutes les infections provoquées par les staphylocoques produisant cette toxine ne sont pas nécessairement accompagnées de ce syndrome dont les manifestations sont fréquemment observées chez des sujets incapables de produire les anticorps humoraux dirigés contre cette toxine. Les entérotoxines ont également été incriminées dans la pathologie du choc toxique. Comme la toxine du choc toxique, elles ont des propriétés immunocytotropes (superantigènes).Le second groupe de toxines élaborées par les staphylocoques concerne celles qui, malgré leur contribution très probable à la pathogénicité bactérienne, ont un rôle incertain dans les infections staphylococciques. Elles comprennent les hémolysines 見, 廓, 嗀 et les 塚 toxines ( 塚 hémolysine et leucocidines).Toutes ces toxines ont été surtout détectées au niveau des souches de S. aureus ; elles peuvent toutefois être produites par des souches appartenant aux autres espèces de staphylocoques.Traitement et prophylaxie des staphylocoquesLes staphylocoques ont été, au début de l’ère des antibiotiques, considérés comme très sensibles à ces agents, mais l’apparition de souches résistantes a été très rapide. Les staphylocoques sont en effet capables de résister à tous les antibiotiques, à l’exception de la Vancomycine. Certaines souches résistent simultanément à plusieurs antibiotiques et sont responsables d’infections graves, voire mortelles, en raison des difficultés thérapeutiques. La résistance a pour origine une mutation chromosomique ou l’acquisition d’éléments génétiques étrangers tels les plasmides ou les transposons.L’antibiothérapie est le traitement électif des staphylococcies. Le phénotype de résistance aux antibiotiques du staphylocoque responsable de l’infection et le site infecté sont pris en compte pour le choix des antibiotiques administrés.Les infections staphylococciques posent un problème important en milieu hospitalier. Dans ce milieu sont sélectionnées des souches résistant aux antibiotiques qui trouvent une porte d’entrée dans l’organisme des opérés, des brûlés et des perfusés. C’est grâce à des mesures d’asepsie et d’antisepsie rigoureuses et à une surveillance bactériologique constante du personnel et des malades qu’on réduira au minimum les risques de contaminations hospitalières.
Encyclopédie Universelle. 2012.